Dans LE PARADIS,  Alain Cavalier explore avec minutie son panthéon intime et colle avec douceur les petits morceaux d’absolu que lui procure le spectacle du monde. Foi du charbonnier, parfums d’enfance, mythologies et légendes sacrées, Cavalier déploie ici une spiritualité de bon aloi, autrement plus convaincante que le grandiloquent et prévisible « Still the water » de Naomie Kawase. C’est la belle balade d’un stoïcien muni de sa lanterne magique, qui nous parle à l’oreille de sa voie inimitable, déployant une nouvelle fois pour nous sa petite fabrique de cinéma si singulière, tirant un feu d’artifice avec trois allumettes et inventant un culte avec trois clous rouillés.

Depuis l’enfance, j’ai eu la chance de traverser deux mini dépressions de bonheur et j’attends, tout à fait serein, la troisième. Ça me suffit pour croire en une certaine beauté de la vie et avoir le plaisir de tenter de la filmer sous toutes ses formes : arbres, animaux, dieux, humains… et cela à l’heure où l’amour est vif.

L’innocence, le cinéaste en a perdu une partie. C’est si délicat à repérer autour de soi, si difficile à ne pas perdre au tournage. Ma reconnaissance va à ceux que vous regarderez à l’écran.
Pour tenir tête au temps, j’ai une parade qui est de fouiller dans mon stock d’émotions et d’images anciennes.

Non pour retrouver ce qui ne reviendra pas mais pour deviner dans l’hiver les signes du printemps. Cela permet de recommencer encore une journée d’un pas aisé.

Alain Cavalier

Merci pour la balade, merci pour ce plan magnifique du rollmops et pour le souvenir hilarant qui y est associé, merci pour ce haïku d’une heure et dix minutes, merci pour cette malicieuse sérénité. Oui, « Tout est bien ».