(OU ART DE QUARTIER …)
Bernard Gomez est un photographe arpenteur. L’aventure de JAURÈS est issue d’un rituel, celui de sa dérive pluri-hebdomadaire dans les alentours immédiats de notre chez nous : le quartier de Jaurès.
« Je vais faire des photos » est la phrase qui rythme nos jours dès que la lumière ouvre une brèche dans la grisaille et notre quartier le terrain d’aventure préféré du marcheur (car d’autres explorations plus lointaines sont entreprises à vélo ou par vol transatlantique).
Jaurès, donc, Notre quartier, est le théâtre d’un travail de longue haleine, d’un inlassable désir de regarder, d’une foi inébranlable dans la rencontre d’un désir et du monde matérialisé en image : la photographie.
C’est ainsi que se sont accumulées les images au fil des ans, et que l’idée d’en faire un livre, notre premier livre est né d’un autre dimanche sans soleil et de quelques nuits blanches : JAURÈS, notre premier ouvrage, quatre-vingt dix pages noires et blanches façonnées à quatre mains et deux regards. Le mien est celui de l’après coup, celui qui suggère et propose, qui joue des associations : un livre, deux pages ouvertes, deux images confrontées, déjà une histoire.
Ce livre, modestement tiré à quelques dizaines d’exemplaires, notre libraire – entendre celui d’en bas de la rue, la librairie « les buveurs d’encre » dont nous avons fêté l’année dernière le dixième anniversaire, et dont l’installation quelques années après la nôtre nous a définitivement ancrés dans notre quartier puisqu’elle était la seule chose qui nous y manquait encore – Notre libraire donc, Yves, a aussitôt décidé de le mettre en valeur.
C’est ainsi qu’en avril dernier, des exemplaire à peine secs et quelques tirages ont orné sa vitrine et qu’une mémorable soirée de signature y a été organisée. Des voisins, des amis, une trentaine de livres signés vendus rien que ce soir-là : un vrai succès!
Nous avons découvert alors le plaisir de l’art de quartier, ou de l’évènement culturel de proximité : signer et vendre JAURÈS à Jaurès et retrouver quelques uns des personnages du livre qui s’étaient reconnus dans la vitrine.
Un peu plus tard, la galerie « La chambre claire » a proposé à Bernard de faire une exposition (car le livre s’est un peu baladé hors des frontières du XIXème, mis en dépôt dans divers librairies de photos dont celle-ci, un haut-lieu de la photographie où Bernard a feuilleté des milliers de pages).
À mesure que notre stock de livres s’épuisait, les magnifiques tirages en Digraphie ® revenus du Vème arrondissement s’accumulaient à nouveau dans notre bureau.
Jusqu’à ce que la librairie MK2 Quai de Loire nous propose de les exposer à nouveau, dans leur longue vitrine. C’est à nouveau à Jaurès donc, que la fresque se déploie ; un beau retour au bercail et un nouvel effet miroir : Jaurès dialogue avec son reflet.
Les photographies sont visibles de l’extérieur, depuis le quai et par tous ceux qui feront la queue pour entrer dans le cinéma, et c’est la désormais la belle lumière du canal qui les éclaire pour un mois.